Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
L’ÉPOUVANTE

La maison était restée exactement dans l’état où le Commissaire l’avait laissée l’avant-veille, à ceci près que le corps de la victime, après qu’on eût repéré exactement sa position, avait été transporté à la Morgue.

La chambre avait maintenant un aspect sinistre. Rien ne donne à une pièce un air plus lugubre, plus désolé, qu’un lit défait, aux draps froissés et refroidis. À l’odeur fade du sang, avait succédé une odeur de suie et de fumée caractéristique des demeures abandonnées. Dans la cheminée, les cendres tassées avaient pris une teinte plus sombre ; dans la cuvette, l’eau rosée avait changé de couleur, laissant voir, par transparence, de minuscules grumeaux rouges, et, sur les bords une raie grise, d’un gris indécis, empâtée par du savon et du sang. Lorsque le magistrat avait pénétré la première fois dans le petit hôtel, un peu de vie semblait flotter encore entre les murs.

On dirait parfois que l’être humain laisse derrière lui un reflet de sa personnalité, de son existence, comme si les murs, à force d’être les témoins muets de notre vie, en conservaient la trace quelque temps. L’histoire des hommes