Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
L’ÉPOUVANTE

cles ne bouge, réagir même contre la rougeur qui monte à son front ou la pâleur qui l’envahit, mais ses mains ne peuvent pas, ne savent pas mentir.

Nos mains ne nous appartiennent pas ; notre volonté demeure sans prise sur elles ; nos mains intelligentes, sottes, câlines ou brutales, sont les traîtresses que nous portons avec nous, et le juge ne quittait pas des yeux les mains de Coche. Quand il les vit frémir, il se dit que le moment de frapper le premier coup approchait ; quand il les vit se crisper, il releva la tête et commença l’interrogatoire par quelques formalités indispensables : nom, âge, profession, etc., puis il reprit l’examen de ses dossiers tandis que Coche, de plus en plus énervé, crispait les poings sur ses genoux. Alors, jugeant la minute propice, sans autre préambule, le juge lui dit :

— Voulez-vous m’expliquer pourquoi vous avez brusquement disparu de votre domicile, et comment il se fait qu’on vous ait retrouvé il y a trois jours dans un hôtel borgne de l’avenue d’Orléans ?…

Coche s’attendait à toute autre entrée en