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L’ÉPOUVANTE

tout raconter. Mais quel avocat aurait osé le défendre après un pareil aveu ? Il s’était condamné lui-même au seul système possible : tout nier, sans se préoccuper de la vraisemblance.

Encore voulait-il que son avocat crût à sa sincérité. Il reprit avec passion :

— Je suis innocent ! Je suis innocent ! Plus tard, bientôt peut-être, vous verrez, je vous dirai…

— Mais je vous crois, je vous l’affirme…

Et Coche comprit, à l’attitude, au regard de son avocat qu’il déguisait sa pensée, qu’il était convaincu, lui aussi, de sa culpabilité. Ils causèrent encore, doucement, ne parlant presque plus du crime. Coche oubliait un peu tout ce que sa situation présentait de grotesque et de dramatique à la fois, et l’avocat essayait de déchiffrer ce qu’il y avait au fond de cette espèce d’insouciance blagueuse, succédant à l’indignation remarquablement simulée du début.

Dans l’après-midi du lendemain, on vint chercher l’accusé dans sa prison, et on le fit monter dans la voiture cellulaire. Il crut qu’on le conduisait à l’instruction, mais le trajet lui