Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
L’ÉPOUVANTE

détail que je ne prévoyais pas va compliquer ma tâche. Je ne veux pourtant pas me faire estropier par amour de l’art.

Il réfléchit une seconde, puis dit, à voix tout à fait haute, cette fois :

— Ouvrez ! c’est la police.

Ce mot le fit sourire. D’où lui était venue cette idée d’annoncer qu’il était « La Police » ?… Onésime Coche policier ! Onésime Coche, sans cesse occupé à collectionner les maladresses de la Préfecture, à railler ses agents, amené à s’affubler de leur titre, voilà qui était drôle ! La police (et du coup il se mit à rire franchement) ne pensait guère à lui, ni aux cambrioleurs ! À cette heure, de loin en loin, deux sergents de ville somnolents se promenaient dans les carrefours paisibles, le capuchon levé, les mains aux poches. Dans les postes, auprès du poêle qui ronflait, parmi l’odeur des pipes, du plâtre chauffé, du drap mouillé et du cuir, des agents, à cheval sur un banc de bois, jouaient à la manille avec des cartes grasses et si rugueuses que le papier se roulait sous le doigt, attendant pour le passer à tabac, le pochard attardé ou le laitier sur-