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Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/171

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CLXI

allant, hors de temps, secourir Cadix, sont deux chefs-d’œuvre. L’auteur de Don Quichotte pouvait donc aborder sans crainte le petit poëme satirique et burlesque.

Il s’était en quelque sorte préparé à ce genre de composition poétique, et par ses comédies en vers et par une lecture assidue des poëtes italiens. Cervantes — et Voltaire eut cela de commun avec lui — lisait et relisait sans cesse l’Arioste, ce grand maître de la versification facile. Mais il se garda bien d’employer l’octave, c’est-à-dire la forme épique. Il prit le tercet, excellent pour le récit aussi bien que pour la satire, et qui donne au conteur la facilité de faire, pour ainsi dire, de la prose rimée, sans prétention, sans emphase, sans s’exposer à détonner.

Cervantes manie avec aisance le tercet, et durant tout le cours de son Voyage, il poursuit la narration des événements, sans effort, sans embarras, nullement préoccupé d’éviter cette négligence non affectée, que lui ont reprochée des Aristarques empesés et qui est, à notre goût, l’attrait le plus séduisant de ses écrits. Sa muse, qu’on nous permette la comparaison, marche à pied, « légère et court vêtue, en cotillon simple et souliers plats, » comme la Perrette de la fable. Dans ce costume simple et modeste, elle est à la fois agile, leste et familière, sans façons, sans prétentions, accorte et rieuse, franchement gaie, employant toujours le mot propre, parlant quand il le faut comme une princesse,