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Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/184

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CLXXIV

sément les deux poëtes dont il a parlé peut-être avec le plus d’estime : Andrés Rey de Artieda et Luis Barahona de Soto. Le premier a fait une critique excellente et très-vive de l’école dramatique qui florissait en Espagne sous le règne théâtral de Lope de Vega, dans son épître au marquis de Cuellar sur la comédie (1605). Le second nous a laissé un tableau peu flatté et très-ressemblant de la poésie de son temps, et une satire virulente contre les méchants poëtes (contra los malos poetos). L’épître de Rey de Artieda et les deux épîtres de Soto Barahona peuvent servir de commentaire à la satire littéraire de Cervantes, et elles éclaircissent bien des passages obscurs du Voyage au Parnasse.

Pour terminer cette courte revue, ajoutons que Lope de Vega, émule de Cervantes, et rival malheureux toutes les fois qu’il a voulu lutter avec cet incomparable maître, a fait à son tour une espèce de Voyage au Parnasse sous ce titre non moins mythologique et un peu moins clair : « Le Laurier d’Apollon, » El Laurel de Apolo. C’est un poëme qui ne manque point d’agrément, malgré sa longueur démesurée, et d’une versification harmonieuse et facile ; mais il est, malgré ses bons côtés, ennuyeux comme tous les panégyriques. Lope de Vega, très-jaloux de sa popularité, ne reculait devant aucun sacrifice pour la maintenir, son habitude était de louer tout le monde : en lui rendait ses éloges avec usure, et il était satisfait de cet échange. Dans son Laurier d’Apollon, il n’est