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VOYAGE

AU PARNASSE


CHAPITRE PREMIER.

Un quidam, Caporal Italien, citoyen de Pérouse, je crois, Grec par le génie et Romain par le cœur ; cédant à un caprice respectable, eut la fantaisie de s’en aller au Parnasse, pour se soustraire aux tumultueuses agitations de la cour. Il se mit en route seul et à pied, et tout doucement arriva en un lieu où il acheta une mule antique, ayant robe grise et jambes fourchues, un spectre effrayant. Jamais on ne vit bête de proportions plus colossales, ni moins propre à porter une charge. De grands os, et peu de résistance ; la vue courte, avec une longue queue ; les flancs amaigris, et le cuir plus dur que celui d’une rondache. Elle était d’une humeur parfaitement irrésistible, et toujours prête à faire la révérence, aussi bien en avril qu’au mois de janvier. Enfin, notre vaillant poëte, fit, sur cette monture, son entrée au Par-