nasse, et il m’a chargé de vous la transmettre ; lisez-la, et je vous assure qu’elle vous fera plaisir. — Je ferai ce que vous désirez, répondis-je ; mais avant de la lire, je désire à mon tour que vous m’appreniez comment, quand et pourquoi, vous avez été au Parnasse. » Et lui répondit : « Comment j’y fus ? Ce fut par mer, sur une frégate, que nous frétâmes, moi et dix autres poëtes, à Barcelone. Quand j’y fus ? C’était six jours après le combat qui avait eu lieu entre les bons et les méchants poëtes. Pourquoi j’y fus ? Pour y prendre part, selon le devoir de ma profession. — Le seigneur Apollon, repris-je, a dû vous faire certainement un excellent accueil ? — Oui, certes, et pourtant nous le trouvâmes fort occupé, lui et les dames Piérides, à labourer et à semer de sel toute la portion de la plaine où s’était livré la bataille. Je lui demandai pourquoi il faisait cela ; et il me répondit que, de même que les dents du serpent de Cadmus avaient produit des hommes armés et que les têtes tranchées de l’hydre, tuée par Hercule, s’étaient reproduites au nombre de sept, et que des gouttes du sang de la tête de Méduse, étaient nés des serpents qui avaient infesté toute la Libye ; de même aussi, du sang corrompu des méchants poëtes que la mort avait frappés en ce lieu, commençaient à naître, gros comme des souris, des poëtereaux rampants, qui, si on les laissait se multiplier, ne manqueraient pas de couvrir toute la terre de cette mauvaise graine, et
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