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XXXI

velles études de mœurs, pour observer l’esprit et le caractère de ces Andalous, qu’il a si souvent mis en scène, et dont il a été sans contredit le peintre le plus vrai et le plus ingénieux. Séville était son séjour ordinaire et le centre de ses observations. Il se trouvait à l’aise dans cette société spirituelle et aimable qui l’accueillit comme il le méritait. Il fréquenta la maison de Pacheco, qui était à la fois un musée et une académie, le rendez-vous des poëtes, des écrivains et des artistes, parmi lesquels se trouvaient dès lors des hommes éminents par le génie et connus par leurs travaux. Dans cette brillante pléiade, Cervantes se fit beaucoup d’amis, et sentit renaître plus vif encore l’amour des lettres, qui fut sa passion dominante. Il n’avait pas renoncé à la poésie. En l’année 1595, il prit part à la joute poétique ouverte à Saragosse, dans le couvent des Dominicains, en l’honneur de saint Hyacinthe, que le pape Clément VIII venait de canoniser. Il envoya une élégie au concours et remporta le premier prix ; sa pièce fut lue en public, du haut de la chaire, le 2 mai, et couronnée le 7 du même mois. Parmi beaucoup d’éloges, qui étaient dus à l’auteur, sinon à la pièce (elle était assez médiocre), on devine que Cervantes était alors à Séville ; aussi les juges disaient-ils, dans un arrêt prononcé en vers, et où la mythologie ne laissait point de place au bon goût, que semblable à un autre Apollon, ce nouveau fils de Latone venait de la grande Délos. Tous ces faits sont tirés de la rela-