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LXXVI

que vous dites, seigneur soldat, et quiconque dira le contraire a menti. »

Et tout aussitôt, rabattant son feutre, faisant mine de chercher son épée, lançant un regard de travers, il s’en alla et il n’y eut rien.

— Ce dernier trait qui est ajouté comme un commentaire au sonnet, peint à merveille l’esprit fanfaron des Andalous et la parfaite innocuité de leurs rodomontades. Il ne faut pas oublier que Cervantes, profond observateur des mœurs, était aussi un vaillant soldat.

Voici le texte de ce célèbre sonnet, qui nous a été conservé dans un recueil de pièces poétiques imprimé à Saragosse par Joseph Alfay en 1654 :

Al túmulo del Rey en Sevilla.

Voto á Dios que me espanta esta grandeza,
Y que diera un doblon por describilla,
Porque ¿á quien no suspende y maravilla
Esta máquina insigne, esta braveza?

Por Jesuchristo vivo, cada pieza
Vale mas que un millon, y que es mancilla,
Que esto no dure un siglo. ¡O gran Sevilla,
Roma triunfante en ánimo y nobleza!

Apostaré, que el ánima del muerto,
Por gozar este sitio, hoy ha dexado
El cielo de que goza eternamente.

Esto oyó un valenton, y dixo: « es cierto
Lo que dice voace, seor soldado,
Y quien dixere lo contrario miente. »

Y luego en continente
Caló el chapeo, requirió la espada,
Miró al soslayo, fuese, y no hubo nada.

Nous reproduisons ici un petit article de cri-