Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/101

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elle demanda à Ambrosio la permission de retourner au couvent. Il la reconduisit jusqu’à la porte de sa cellule, et, arrivés là, il l’arrêta pour lui annoncer qu’il consentait à ce qu’elle continuât de partager sa solitude, aussi longtemps qu’elle le trouverait agréable.

Elle ne donna aucune marque de plaisir en recevant celle nouvelle, quoique, le jour précédent, elle eût si instamment sollicité cette permission.

« Hélas ! mon père, » dit-elle en secouant tristement la tête, « votre bonté vient trop tard ; mon sort est fixé ; nous devons nous séparer pour jamais. Croyez pourtant que je suis reconnaissante de votre générosité, de votre compassion pour une infortunée qui n’y a que trop peu de droits, »

Elle porta son mouchoir à ses yeux ; son capuchon n’était qu’à moitié tiré sur sa figure. Ambrosio remarqua qu’elle était pâle, que ses yeux étaient creux et abattus.

« Bonté divine ! » s’écria-t-il, « vous êtes très malade, Mathilde ; je vais vous envoyer le père Pablos. »

« Non, non ; je suis malade, il est vrai ; mais il ne peut pas me guérir. Adieu, mon père ! souvenez-vous de moi dans vos prières demain, quand je me souviendrai de vous dans le ciel. »

Elle entra dans sa cellule, et en ferma la porte.

Le prieur, sans perdre un instant, lui envoya le médecin, dont il attendit impatiemment le rapport ; mais le père Pablos revint bientôt, et annonça que sa démarche avait été sans résultat. Rosario refusait de l’admettre, et avait positivement rejeté ses offres d’assistance. Le malaise que cette réponse causa à Ambrosio ne fut pas médiocre ; cependant il résolut de laisser, cette nuit, Mathilde en faire à sa tête ; mais, si son état n’était pas amélioré le