Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/109

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cette affaire : tant que je ne serai pas fixé sur ce point et éclairé sur le but de votre correspondance avec Agnès, je ne puis vous considérer comme mon ami. Je suis impatient de savoir le motif de votre conduite, et j’espère que vous ne différerez pas l’éclaircissement que vous m’avez promis. »

« Auparavant, donnez-moi votre parole que vous m’écouterez patiemment et avec indulgence. »

« J’aime trop ma sœur pour la juger rigoureusement ; et jusqu’à ce jour je n’ai pas eu d’ami qui me fût plus cher que vous. J’avouerai de plus, que le pouvoir que vous avez de m’obliger dans une affaire qui me tient fort au cœur, me fait désirer ardemment que vous soyez toujours digne de mon estime. »

« Lorenzo, vous me ravissez ; vous ne pouvez me faire un plus grand plaisir que de me procurer l’occasion d’être utile au frère d’Agnès. »

« Prouvez-moi que je puis accepter vos services sans déshonneur, et il n’est personne au monde à qui j’aime mieux avoir obligation. »

« Probablement vous avez entendu votre sœur parler d’Alphonso d’Alvarada ? »

« Jamais ; quoique je ressente pour Agnès une tendresse vraiment fraternelle, les circonstances nous ont empêchés d’être beaucoup ensemble ; encore enfant, elle a été confiée aux soins de sa tante qui avait épousé un gentilhomme allemand. Il n’y a que deux ans qu’elle a quitté leur château pour revenir en Espagne, lorsqu’elle s’est déterminée à renoncer au monde. »

« Bon dieu ! Lorenzo, vous saviez son intention, et vous n’avez fait aucun effort pour l’en dissuader ! »

« Marquis, vous me faites injure : la nouvelle que j’en reçus à Naples m’affligea extrêmement, et je me hâtai de