Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/126

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hors. La clarté de la lune me permit de distinguer un homme que je reconnus sans peine pour mon hôte. J’épiai ses mouvements. Il marchait vite, puis s’arrêtait et paraissait écouter. Il frappait du pied, et se battait la poitrine avec ses bras comme pour se garantir de la rigueur de la saison ; au moindre bruit, si l’on entendait une voix dans le bas de la maison, si une chauve-souris l’effleurait, ou que le vent grondât dans les branches dégarnies, il tressaillait, et regardait autour de lui avec anxiété.

« Que le diable l’emporte ! » dit-il enfin avec une extrême impatience ; « qu’est-ce qu’il peut faire ? »

« Il parlait à voix basse ; mais comme il était juste sous ma fenêtre, je distinguais aisément ses paroles.

« En ce moment j’entendis des pas qui s’approchaient ; Baptiste alla vers le son : il joignit un homme qu’à sa petite taille et au cor suspendu à son cou, je reconnus pour n’être ni plus moins que mon fidèle Claude que je supposais déjà en route pour Strasbourg. Espérant que leur entretien jetterait quelque lumière sur ma position, je m’empressai de me mettre en état d’écouter sans danger ; dans ce but, j’éteignis la chandelle qui était sur la table près du lit : la flamme du feu n’était point assez forte pour me trahir, et je repris aussitôt ma place à la fenêtre.

« Les objets de ma curiosité s’étaient arrêtés directement au-dessous. Je suppose que pendant mon absence momentanée, le bûcheron avait blâmé Claude de sa lenteur, car, lorsque je revins à la croisée, ce dernier s’efforçait de se disculper.

« Quoi qu’il en soit, » ajouta-t-il, « ma diligence va réparer le temps perdu. »

« À cette condition, » répondit Baptiste, « je te pardonne volontiers ; mais en vérité, puisque tu as part égale