Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/166

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Je l’ouvris avec impatience ; il contenait les mots suivants, écrits au crayon :

« Cachez-vous pendant quinze jours dans quelque village des environs. Ma tante croira que vous avez quitté Lindenberg, et me rendra la liberté. — Je serai dans le pavillon de l’ouest, le 30, à minuit. Ne manquez pas d’y venir, et nous y pourrons concerter nos plans pour l’avenir. Adieu. Agnès. »

« À la lecture de ces lignes, ma joie dépassa toutes les bornes, et je n’en mis point non plus aux expressions de reconnaissance que je prodiguai à Théodore. Au fait, son adresse et son attention méritaient les plus chaudes louanges. Vous pensez bien que je ne lui avais pas confié ma passion pour Agnès ; mais le petit espiègle avait trop de discernement pour ne pas découvrir mon secret, et trop de discrétion pour laisser voir qu’il le savait. — Il avait observé en silence ce qui se passait, et n’avait pas essayé de s’immiscer dans l’affaire avant que mes intérêts ne réclamassent son intervention. J’admirai également son jugement, sa pénétration, son adresse et sa fidélité. Ce n’était pas la première occasion où je l’avais trouvé infiniment utile, et j’étais plus convaincu, chaque jour, de la promptitude et de la capacité de son esprit. Pendant le peu de temps que j’étais resté à Strasbourg, il s’était appliqué avec ardeur à apprendre les éléments de l’espagnol. Il continua de l’étudier, et avec tant de succès, qu’il en vint à le parler avec la même facilité que sa langue maternelle. Il passait la plus grande partie de son temps à lire. — Il avait beaucoup d’acquit pour son âge, et joignait les avantages d’une physionomie vive et d’un extérieur qui prévenait pour lui à une intelligence parfaite et à un excellent cœur. Il a maintenant quinze ans,