Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/216

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CHAPITRE V.


Ô vous qui, sur la barque légère de la vanité, voguez follement vers la renommée, poussés par la louange, quels vents inconstants dirigent votre course, toujours enfoncée trop bas ou portée trop haut ! Celui qui court après la gloire ne jouit guère du repos ; un souffle le relève, et un souffle le renverse.
Pope.
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Le marquis avait achevé ses aventures. Lorenzo, avant de pouvoir se décider sur ce qu’il devait répondre, resta quelque temps à réfléchir. Enfin il rompit le silence.

« Raymond, » dit-il en lui prenant la main, « les lois strictes de l’honneur devraient m’obliger à laver dans votre sang la tache que vous avez faite à mon nom ; mais les circonstances où vous vous êtes trouvé me défendent de vous considérer comme un ennemi. La tentation était trop grande pour y résister. C’est la superstition de mes parents qui a causé ces malheurs, et ils sont plus coupables que vous et Agnès. Vous ne pouvez pas revenir sur le passé, mais vous pouvez encore le réparer en épousant ma sœur. Vous avez toujours été et vous continuerez d’être mon meilleur, mon seul ami. J’ai pour Agnès l’affection la plus vraie, et il n’est per-