et de l’esprit, elle pouvait prétendre à l’établissement le plus fortuné. Ses richesses lui fourniraient les moyens de pratiquer dans toute leur étendue la charité et la bienveillance, ces vertus qui lui étaient si chères ; et en restant dans le monde elle serait à même de découvrir des objets dignes de sa protection, ce qui ne pouvait se faire dans la retraité d’un couvent.
Ses conseils avaient détourné Virginie de toute idée de prendre le voile : mais un autre argument dont Agnès n’avait point fait usage eut sur elle plus de poids que tout le reste ensemble : elle avait aperçu Lorenzo quand il était venu voir sa sœur à la grille ; il lui avait plu, et tous les entretiens qu’elle avait avec Agnès se terminaient en général par des questions sur son frère. Celle-ci, qui adorait Lorenzo, ne demandait pas mieux que d’avoir une occasion d’entonner ses louanges ; elle parlait de lui avec transport, et pour convaincre de la justesse de ses idées, de la culture de son esprit et de l’élégance de ses expressions, elle montrait de temps en temps les lettres qu’elle recevait de lui. Agnès remarqua bientôt que par ces confidences elle avait fait sur le cœur de sa jeune amie une impression qu’elle avait été loin de vouloir produire, mais qu’elle fut vraiment heureuse d’observer ; elle ne pouvait pas souhaiter pour son frère un parti plus avantageux : héritière de Villa-Franca, vertueuse, affectionnée, belle et accomplie, Virginie semblait faite pour le rendre heureux. Elle sonda son frère à ce sujet, quoique sans mentionner le nom ni les particularités.
Il l’assura dans ses réponses que son cœur et sa main étaient entièrement libres, et elle en conclut qu’elle pouvait, sans danger, aller de l’avant. Elle s’étudia donc à développer la passion naissante de son amie ; Lorenzo devint le sujet constant de ses entretiens ; et l’avidité avec