Page:Lewis - Le Moine, Tome 2, trad Wailly, 1840.djvu/229

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et suivit son geôlier d’un pas pénible. On le conduisit dans la même salle, en présence des mêmes juges, et on lui demanda de nouveau s’il voulait avouer ; il répondit comme auparavant, que n’ayant point commis de crimes, il n’en avait point à reconnaître. Mais quand les exécuteurs se préparèrent à le mettre à la question ; quand il vit les instruments de torture et qu’il se rappela les supplices qu’on lui avait déjà infligés, la résolution lui manqua entièrement ; oubliant les conséquences, et ne songeant qu’à échapper aux terreurs du moment présent, il fit une ample confession : il révéla chaque particularité de ses crimes, et avoua non seulement tous ceux qui étaient à sa charge, mais ceux mêmes dont il n’avait point été soupçonné. Interrogé sur la fuite de Mathilde, qui avait excité beaucoup de surprise, il convint qu’elle s’était vendue à Satan, et qu’elle était redevable de son évasion à la sorcellerie. Il continua d’assurer les juges que, pour sa part, il n’avait jamais fait de pacte avec les esprits infernaux ; mais la menace de la torture le força de se déclarer sorcier et hérétique, et tout ce qu’il plut aux inquisiteurs de lui attribuer. En conséquence de cet aveu, sa sentence fut immédiatement prononcée. On lui ordonna de se préparer à périr dans l’auto-da-fé qui devait se célébrer à minuit le soir même ; on avait choisi cette heure dans l’idée que l’horreur des flammes étant augmentée par l’obscurité de la nuit, l’exécution ferait un plus grand effet sur l’esprit du peuple.

Ambrosio, plus mort que vif, fut laissé seul dans son cachot : le moment où ce terrible arrêt fut prononcé avait presque été celui de sa mort. Il envisagea le lendemain avec désespoir, et ses terreurs redoublèrent à l’approche de minuit. Par instants il était enseveli dans un morne silence ; dans d’autres il se livrait à tout le