Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/132

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prit, d’assez mauvaise grâce, celle du Lièvre. Le Chapelier fut le seul qui gagnât au change ; Alice se trouva bien plus mal partagée qu’auparavant, car le Lièvre venait de renverser le lait dans son assiette.

Alice, craignant d’offenser le Loir, reprit avec circonspection : « Mais je ne comprends pas ; comment auraient-elles pu s’en tirer ? »

« C’est tout simple, » dit le Chapelier. « Quand il y a de l’eau dans un puits, vous savez bien comment on en tire, n’est-ce pas ? Eh bien ! d’un puits de mélasse on tire de la mélasse, et quand il y a des petites filles dans la mélasse on les tire en même temps ; comprenez-vous, petite sotte ? »

« Pas tout à fait, » dit Alice, encore plus embarrassée par cette réponse.

« Alors vous feriez bien de vous taire, » dit le Chapelier.

Alice trouva cette grossièreté un peu trop forte ; elle se leva indignée et s’en alla. Le Loir s’endormit à l’instant même, et les deux autres