Il est difficile, à propos de Brizeux composant la
pièce de Jésus, de ne pas se reporter vers un autre
fils de la Bretagne, dont il vit à peine commencer la
réputation, mais qui depuis a écrit un livre où ne se
laisse pas seulement deviner, à propos du fondateur
du christianisme, un doute voilé, craintif, défiant de
lui-même, mais où s’affirme la négation hardie, quoi que dans l’attitude du respect et jetant des fleurs à
pleines mains. Tel que nous avons appris à le connaître, le poète que la vie n’avait fait qu’affermir dans
son spiritualisme chrétien, eût été profondément blessé
parla tentative de son compatriote, l’auteur de la Vie de Jésus, le philosophe qui a fini par s’affranchir même
de toute conception déiste du monde ; il l’eût renié comme
un faux frère. Ce ne sera point cependant manquer de
respect à sa mémoire que de rapprocher ici son nom
de celui de M. Renan, puisque notre but est justement
de marquer la distance qui les sépare. Comment donc
élevés l’un et l’autre à l’ombre d’une église, les deux