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LA MÉTAPHYSIQUE

ment variés de la mécanique, en un mot tous les phénomènes corporels ; et que sont les figures et les mouvements, sinon des déterminations de l’étendue, claires et distinctes comme l’idée de l’étendue, partant, comme elle, à priori et innées ? Ainsi la science se développe à priori d’un certain nombre de notions primitives et irréductibles. Toute connaissance claire et distincte est donc innée à l’esprit, soit comme principe, soit comme conséquence. La déduction part des principes, et, sans recourir à l’expérience, en extrait les conséquences. Elle est l’esprit lui-même s’appliquant à mettre au jour les trésors qu’il renferme.

Ainsi la science est le contenu essentiel de l’esprit. Nous savons qu’elle est vérité, par cela seul qu’elle est claire et distincte. Mais quels sont les rapports de cette vérité avec la réalité ? Il s’agit ici de métaphysique et non plus de méthode. La vérité, telle qu’elle nous apparaît, est-elle simplement la vérité pour nous, ou bien la vérité en soi ? Cette science qui sort de nous, cette science qui est pour ainsi dire l’esprit déployé et explicite, est-elle l’expression des choses, ou, comme Kant l’a voulu plus tard, l’expression de nécessités intellectuelles, qui l’enchaînent sans s’imposer aux choses ? La théorie de l’innéité n’est-elle pas un retour vers l’idéalisme sceptique, écarté, semblait-il, par la théorie de la certitude ? Telle serait peut-être la conséquence extrême de la doctrine ; mais telle n’est pas assurément la pensée de Descartes.

On a vu quel caractère spécial il attribue à l’idée de Dieu. Cette notion n’est pas une simple nécessité