Page:Libertad - Gibier de misère, paru dans Le Libertaire, 12-19 septembre 1897.djvu/6

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Il partit à pied vers Paris.

Ceux qui rencontrèrent dans la vie de ces effrayants infirmes que sont les ataxiques peuvent imaginer le douloureux calvaire parcouru, de la Gironde à la Seine, à travers des campagnes hostiles au vagabond, sous l’incessante persécution du gendarme ou le regard haineux du paysan, par cet homme, plus faible qu’un petit enfant. Il arriva pourtant jusqu’ici, mais tant épuisé, tant écœuré surtout par la dureté de ses semblables et le désespoir de se subvenir qu’il ne vit plus que la prison pour refuge. Ses premières nuits, en effet, furent d’atroces fuites de banc en banc sur les boulevards extérieurs, devant l’injure et la menace des agents. Les pauvres jambes