Page:Libertad - Légende de Noël, paru dans Le Libertaire, 24-30 décembre 1899.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pain, pas de bois, c’était la mort, l’inévitable mort. Sa mort, celle du chérubin, de cet avenir. Ses yeux ruisselèrent de larmes, elle s’approcha à pas lent du berceau. Ô ironie, l’enfant en son rêve, souriait à la vue de quelque lointain paradis, du vôtre, ô chers enfants.

Alors, elle retint son souffle, mais un désir de baiser cette chair innocente, cette chair de sa chair, naquit, impérieux, et elle posa ses lèvres sur le front de l’enfant.

Celui-ci ouvrit lentement ses grands yeux encore plein de joie extatique, les jeta sur sa mère en larmes, sur la table vide, sur le poêle éteint, et tout triste :

« Ô maman ! ce n’était qu’un rêve… mais quel beau rêve ! Nous n’avions plus faim… Nous n’avions plus froid… jamais. »

Albert Libertad.