Page:Libertad - La Grève des vivants, paru dans L'Anarchie, 2 mai 1907.djvu/6

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Ici, c’est un père, une mère qui emmènent toute leur nichée de petiots avec eux, prenant toutes précautions comme on fait pour un long voyage.

On ne va plus au suicide sur un coup de colère ou de passion ; on y va froidement, réfléchissant, pesant le pour et le contre : les mille douleurs de l’être et le tranquille et avide désir de non-être.

On se pare en cette occasion de ses habits de fête ; on laisse sur la cheminée pour le propriétaire ou pour une dette criarde du boulanger. On s’en va, le respectant comme un testament ce préjugé qui pourtant nous fait mourir : l’Honnêteté du Droit et Avoir !

Ce n’est plus le suicide banal du désespéré qui s’en va, tout seul, pour une souffrance personnelle ; c’est le suicide collectif, en chœur : c’est le remède cherché à une souffrance générale.