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MAMAN, TROTT ET LUCETTE

Maman dit d’une voix pâle :

— Il s’éloigne.

Ses yeux vissés à la lorgnette, penchée en avant, elle demeure immobile à lorgner désespérément. C’était encore quelque chose de l’absent, ce petit point noir de l’espace. Oh ne le voyait pas, c’est vrai. Mais on savait qu’il était là. On savait que lui aussi il regardait tant qu’il pouvait. Si la lunette était meilleure, on aurait pu l’apercevoir. Malgré la distance déjà si grande, c’était comme un dernier adieu qu’on pouvait lui jeter. Il n’était pas entièrement perdu sur l’infini des flots. Après, quand tout aura disparu, il sera tout entier dans l’inconnu, dans le lointain, dans l’angoissant, et l’on ne saura plus même sur quelle région des mers immenses les souvenirs tendres et désespérés doivent aller le chercher…

Trott ne voit plus la tache noire. Il ne