pour augmenter sa puissance, est la loi fondamentale de toute existence. Toutes les manifestations de la vie sans exception sont régies par l’instinct. Si l’homme aspire à la vertu, à la vérité ou à l’art c’est en vertu d’un instinct naturel qui, pour se satisfaire, le pousse à agir d’une certaine manière. Ainsi la morale que le chrétien regarde comme une révélation divine et à laquelle il subordonne toute son existence est en réalité une invention humaine destinée à satisfaire tel ou tel instinct. De même la vérité à laquelle le savant consacre sa vie a été recherchée primitivement par la volonté de puissance qui tendait à agrandir sa domination. Mais l’homme en est arrivé, par une singulière aberration, à adorer comme idéal ce qu’il avait créé lui-même pour répondre à un de ses besoins. Au lieu de dire : « Je vis pour satisfaire mes instincts, et en vertu de cette loi je rechercherai donc le bien et le vrai dans la mesure où ma volonté de puissance m’y poussera » il pose en principe : « Le bien et le vrai doivent être recherchés pour eux-mêmes ; il faut faire le bien parce que c’est le bien, aspirer à la vérité pour l’amour de la vérité ; la vie de l’homme n’a de valeur que dans la mesure où il subordonne son intérêt égoïste à ce but idéal ; il devra donc, au nom de l’idéal, comprimer ses instincts personnels et regarder l’égoïsme comme un mal. » Or, l’homme qui raisonne ainsi et qui agit en conséquence, est à la vérité poussé, lui aussi, par un instinct — car l’instinct est le mobile dernier de tous nos actes ; — seulement cet instinct est perverti.
Les instincts de l’homme ne sont, en effet, pas tous également sains ; les uns sont normaux et tendent à augmenter sa vitalité, mais d’autres sont morbides et tendent à l’affaiblir. Les maladies du corps ont des causes naturelles et se développent en vertu des lois de l’organisme ; elles n’en aboutissent pas moins à la destruction du corps et doivent, par suite, être combattues par le médecin. Il en