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LE SOCIALISME ET LA PHILANTHROPIE

traités sur la population, et je voudrais bien avoir ce mérite * », il n’est pas sans intérêt pour nous. Rarement on a prétendu étendre plus loin le despotisme économique de l’État.

L’État, dit l’auteur, doit s’occuper également de Fagriculture, de l’industrie, du commerce, des finances, de la population, des forces de terre et de mer. Il doit exister une sorte de balance entre les différentes sources de la richesse. Actuellement, l’agriculture n’est pas ce qu’elle devrait être. Les paysans cultivent mal, ou des denrées peu appropriées aux besoins. Beaucoup de terrains §ont incultes. Il faudrait qu’il y eût une organisation générale, qui assignât à chaque terrain une espèce de production. D’autre part, il y a beaucoup d’indigents et le nombre des artisans et des marchands est trop grand, par rapport à celui des agriculteurs. 11 faut empêcher cet inconvénient. Il faut qu’il y ait abondance des denrées nécessaires et qu’il y ait une discipline exacte pour la nourriture, le vêtement et le salaire des ouvriers. Les finances sont défectueuses, le commerce mal organisé. Quant à la population, personne ne s’en occupe ^ Quels sont les remèdes à cet état de choses ?

Un des symptômes les plus fâcheux est l’ardeur de s’élever qui existe partout. On quitte la campagne et on abandonne le labourage. Il faut améliorer le sort des paysans, maintenir l’attachement à la terre et détourner des villes. Les moyens despotiques ne répugnent pas à Goyon. On renverra chez eux tous les gens qui viennent à Paris sans y être nécessaires’Qu’on supprime les métiers parasites. Pour l’industrie, il y a trop de maîtres et les ouvriers sont insuffisamment payés. 11 faudrait ériger en charges tous les corps d’artisans et de marchands et en fixer le nombre à perpétuité, selon le besoin de chaque ville et de chaque lieu. Le sort des ouvriers serait par là plus stable et le travail toujours assuré. Les lils des maîtres succéderont à leurs pères et les campagnards ne viendront plus dans les villes, puisque le nombre de ceux qui peuvent y travailler avec fruit sera c^nnu. Une fois ces charges créées, tout travail libre sera interdit.

On passe trop facilement d’une condition à une autre, ce qui est une cause de désordre. On aura soin de ne pas donner aux enfants des ouvriers trop d’instruction. Ceux qui ne sont pas fils de maîtres payeront le double pour acquérir une charge. On devrait faire de

. Correspondance, t. V, p. 415.

. V. dans L’homme en société, t. I, p. 34 sq., le résumé de ses critiques.

. « La police ne devrait permettre de petit peuple dans les grandes villes que le nombre qui y est absolument nécessaire et renvoyer le reste dans les villes de province, les bourgs et les campagnes » (t. I, p. 76).