dans les nouvelles dont il eut le tort parfois de vouloir faire des romans. Lorsqu’il fit la critique de Greta Friedmann,[1] Albert Giraud écrivit une page délicieuse sur l’art du conteur dont Waller est un des meilleurs représentants. Il a d’abord un style qui est fait pour le genre, un style léger, souple, rapide, simple aussi où nulle recherche n’encombre la phrase. L’action de ces nouvelles très ténues est toute dans le sentiment et dans le mouvement intérieure des âmes. Tout cela est d’un art achevé, et Lysiane de Lysias, La Vie bête, L’Amour fantasque et Daisy contiennent des pages exquises, des fantaisies charmantes, d’une note neuve et personnelle.
Le grand effort de Waller fut sa tentative de créer une vie littéraire en Belgique. Cette vie là n’existait pas chez nous.[2] Durant quelques années l’effervescence des esprits témoigna de leur réveil et de la pression que les écrivains groupés par Waller exerçaient sur le public. On donna des conférences ; les écrivains français venaient en tournée chez nous et on les escortait triomphalement ; on offrit en 1883 un banquet à Camille Lemonnier, à l’aîné, et ce fut la fête des lettres belges. Quand on recevait la visite d’un maître de France, de Léon Cladel par exemple, on prenait texte de sa parole pour attirer l’attention sur les lettres et sur notre littérature. Une moisson nouvelle se leva sur la terre belge et un jour le pays