Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/18

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que des figures pâles et abattues. Shang-haï est une ville singulièrement laide ; tous ceux qui l’ont vue en conviennent. Située sur les bords du Whampoa, un de ces grands fleuves chinois qui roulent de lourdes eaux jaunâtres à travers d’immenses plaines d’une fertilité merveilleuse, mais d’une monotonie désespérante, elle n’a rien qui attire ou qui retienne le voyageur. Aussi quitte-t-on Shang-haï dès qu’on ne se sent plus forcé d’y vivre, et moi-même, une fois délivré des affaires qui m’y avaient appelé, j’eus hâte de me remettre en route. Aucun des amis dont l’hospitalité ingénieuse avait su me rendre le séjour parmi eux aussi agréable qu’il pouvait l’être n’essaya de me retenir. « Vous êtes heureux de quitter ce pays, disaient-ils ; que ne pouvons-nous en faire autant ! Bon voyage, et n’oubliez pas vos amis de Chine. » Je ne les ai pas oubliés et je ne les oublierai pas ; car nulle part je n’ai trouvé autant de bienveillance, autant de sûreté et de franchise dans les relations que dans ce petit coin de terre nommé le Shang-haï settlement.

J’avais fait mes visites d’adieu, et je surveillais dans ma chambre le boy (domestique chinois) occupé à faire mes malles, lorsque je vis entrer M. W…, mon ancien compagnon de voyage dans le midi de la Chine et en Cochinchine. Il venait d’accomplir une longue excursion, durant laquelle il avait visité les principales villes de commerce