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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/40

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de société particulière. Ceux qui la composent ont leurs intérêts à part ; ils vivent, se divertissent, font des affaires et se querellent entre eux. Rarement on les rencontre à Oora, l’autre quartier franc, et ils regardent avec froideur les Anglais et Américains, débarqués d’hier sur une terre où ils ont pris pied depuis deux cents ans. Ceux-là les abandonnent volontiers à eux-mêmes et ne cherchent point à troubler leur isolement ; ils les traitent même avec un certain dédain que rien ne justifie à mes yeux. «  Les Anglais, disent-ils, n’auraient jamais accepté une position semblable à celle que les Hollandais ont subie au Japon pendant deux siècles. » Ils parlent d’ailleurs avec orgueil de l’extension que le commerce avec les Japonais a prise depuis qu’ils s’en sont emparés, et ils répètent à l’envi que la race anglosaxonne est la seule qui sache pratiquer l’art de la colonisation.

Le nouveau quartier étranger, Oora, présente un aspect moins effacé et plus animé ; c’est là que résident tous les nouveaux venus que l’ouverture des ports du Japon a appelés des différentes contrées de l’Europe ou de l’Amérique. Il a été bâti au sud de la ville japonaise, dans une situation heureuse. Au lieu d’être entièrement isolé, comme Decima, il est adossé à de riantes collines couvertes de maisons de plaisance, au-dessus desquelles flottent, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, les pavillons des