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de la Nature.

la Nature ; la connoiſſance générique eſt bien une connoiſſance ſolide, mais la connoiſſance ſpécifique eſt la véritable.

Autre eſt l’ordre de l’architecte, autre eſt l’ordre de celui qui habite. Le Créateur commence par les plus simples élémens terreſtres, & remontant des pierres, des végétaux, aux animaux, il finit par l’homme. Que l’homme commence par ſoi-même & finiſſe par la terre. Que l’auteur d’un ſyſtême monte du particulier à l’univerſel, mais que le profeſſeur deſcende au contraire du général au ſpécial. Les ſources ſe forment en ruiſſeaux, ceux-ci ſe raſſemblent en rivieres, que le nocher remonte juſqu’où il pourra, & encore n’atteindra-t-il pas les dernieres origines des fontaines. Après la connoiſſance diſtincte des choſes, il eſt néceſſaire de pénétrer ultérieurement en leurs propriétés les plus particulieres, leurs phénomènes, leurs opérations les plus ſecrettes, leurs qualités, leurs vertus, leurs uſages. Car la ſcience naturelle des trois regnes eſt le fondement de toute ſcience diététique, médicinale, œconomique ſoit de la nature, ſoit rurale.

Heureux le Laboureur, trop heureux s’il ſait l’être ! Virg.

Les choſes créées ſont les témoins, de la ſageſſe & de la puiſſance divine, elles ſont la richeſſe de l’homme, & la ſource de ſon bonheur ; la bonté du Créateur ſe manifeſte dans l’uſage qu’il en accorde ; ſa ſageſſe ſe développe par leur beauté ; ſa puiſſance éclate par l’économie de leur conſervation, leur proportion, leur renouvellement. Les hommes laiſſés à leur penchant naturel, ont toujours eſtimés