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Les Loirs. Lievre.

tuées au-delà du Jeniſei & de la Lena, où il ſe fait des retraites entre les pierres, demeurant quelquefois auſſi dans des troncs d’arbres creux ; il s’y gîte, pendant le jour, à moins que le ciel ne ſoit orageux ; il a la voix aiguë, ſemblable au ſon du fifre ; au mois d’Août il fauche les graminées les plus douces & les plus fines des forêts, comme auſſi d’autres herbes, & en Septembre lorſqu’elles ont été lentement deſſéchées, il les raſſemble en tas de forme preſque conique, qu’il laiſſe couvrir de neige en hiver ; ces tas joignent leurs tanières par un ſentier ; mais ſouvent les chevaux des chaſſeurs en font à propos leur moiſſon. La marte zibeline & la belette de Sibérie ſe ſaiſiſſent de cet animal, & le taon du lievre l’incommode beaucoup.

Son poids varie de quatre onces à une livre trois quarts, & ſa longueur de ſept pouces à neuf pouces ſept lignes ; il paroît plus ſtupide & plus farouche que le ſulgan, ſa tête eſt plus oblongue & plus mince, & ſon muſeau moins obtus ; yeux aſſez petits, noirs ; oreilles grandes ; corps moins allongé & plus ventru. Deux mamelles ſur le bas ventre, quatre ſur la poitrine. Couleur du corps plus claire en deſſous ; haut de la gorge de couleur cendrée.

XII. L’Ogoton. Lepus ogotona,

Point de queue ; pelage gris pâle ; oreilles ovales, un peu aiguës, de la couleur du corps.

Pall. glir. p. 50. 59-70. t. 3. & 4. f. 14.-16. Schreb. Saeugth. 4. t. 239. Cat. muſ. Petrop. 1. p. 343. n. 112.

Il habite les pays montagneux ſitués au-delà du lac Baikal & dans tout le déſert des Mongols, ſurtout le Gobéen, & ſe tient ſur les montagnes entre des tas de pierres, & en des terriers à deux ou trois iſſues dans les lieux ſablonneux, dont pluſieurs ne ſervent quelquefois qu’à un ſeul individu ; il rode ordinairement de nuit. Son cri eſt une ſorte de ſiflement aigre et rude ; il aime à ſe nourrir de l’écorce du poirier à baies, & des jeunes tiges de l’orme nain ; au printems il broute auſſi les herbes qui naiſſent dans le ſable, & il les entaſſe dans l’automne en monceaux. Il eſt très-agile, et s’apprivoiſe difficilement ; pluſieurs belettes, le chat manul, les faucons de la petite ſorte, les chats-huants en font leur proie.