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Les Bestiaux. Mouton.

Penn. quad. t. 4. f. 2.

On éléve & nourrit par toute la terre en domeſticité cette précieuſe eſpèce. Le mouton ſe plaît dans les lieux ſecs, ouverts & chauds, ceux voiſins de la mer, abondans en plantes ſalées ; il eſt de tous les quadrupèdes le moins ruſé & peut-être le plus ſtupide ; adulte dès ſa ſeconde année, il ne paſſe guère quatorze ans. Il change de dents (depuis l’âge d’un an juſqu’à celui de trois ans quand elles ſont toutes remplacées) ; il boit peu, il bêle, il eſt fort timide, c’eſt en ruant & en lâchant ſon urine qu’il menace ſon ennemi, c’eſt à coups de tête qu’il le reçoit. Il broute avec plaiſir dans les prés la fétuque ovine, & dans les champs le tabouret bourſe à paſteur. Le prunellier, la prêle, la renoncule particulièrement la flammette ou la petite douve l’incommodent, comme auſſi l’antheric des marais, la Kalmie, la ſcorpionne des marais, l’anémone des bois ; il eſt en butte à la piquure de l’hippoboſque ovine, de l’œſtre du mouton, du ricin ; il eſt ſujet aux poux, à la faſciole hépatique, aux hydatides dans le cerveau ; il en eſt travaillé de vertiges, de maladies du foie, de jauniſſe, de pthyſie, d’hydropiſie, de galle, de varioles.

Un belier ſuffit à vingt brébis, leſquelles ſont pleines pendant vingt-trois ſemaines & mettent bas un ou deux, rarement trois agneaux. La variété a eſt commune en Angleterre, les plus beaux individus s’en trouvent dans la province de Lincolnshire. La variété b eſt répandue dans toute l’Europe, ſurtout dans ſa partie ſeptentrionale ; ſa laine eſt plus roide, plus courte, moins friſée ; ſes cornes ſont contournées en ſpirale, anguleuſes planes en dédans, applaties à leur ſommet ; quelquefois elle en manque. Ses yeux ſont bleuâtres glauques, ſituées dans une ſaillie ovale du devant de la tête, leur prunelle eſt oblongue ; ils ont une cavité profonde à leur coin antérieur où ſe fait une ſécrétion de matière gluante ; queue ronde, n’atteignant point le genou ; la couleur ordinaire de ſa toiſon eſt blanche, quelquefois noire ou tachée. La variété c eſt la plus commune en Eſpagne, d’où elle a été portée dans les autres parties de l’Europe ; la ſpire de ſes cornes eſt tournée en déhors. La variété d ſe rencontre ſouvent en Iſlande & dans les pays du Nord & n’eſt pas rare dans les nombreux troupeaux des Tartares nomades ; elle a trois, quatre, cinq, même ſix cornes, dont celle ou celles du milieu ſont droites, tandis que les extérieures ſe roulent en déhors ; ſa queue eſt ordinairement courte ainſi que ſa laine, qui eſt aſſez rude. La variété e ſe