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Les grands Quadrupedes. Cheval.

du fiel, & ne vomit jamais. Son fumier entaſſé s’échauffe. Le poulain nait les pieds allongés. Un plomb à gibier, tombé dans ſon oreille, un corps pointu, une aiguille même entrée dans ſon pied, lui cauſent une extrême douleur ; on le dompte au moyen d’un caveſſon ſur le nez ; du ſuif dont on lui enduiroit les dents l’expoſeroit à mourir de faim ; le feuillage du prunier à grappes lui eſt pernicieux, comme auſſi le charançon du phellandri s’il l’avale ; le conops l’irrite & l’incommode par ſes piquures. Il mange impunément de l’aconit. Ses dents canines pouſſent à la cinquieme année de ſon âge, & il change de dents inciſives à la ſeconde, troiſieme & quatrieme années. La jument eſt pleine pendant deux cent quatre-vingt-dix jours. Les Tartares ſe nourriſſent de la chair de leurs chevaux, boivent le lait de leurs juments, qu’ils font auſſi fermenter & dont ils préparent auſſi une boiſſon énivrante ; ils font du cuir avec ſa peau.

II. L’Hemione. Equus Hemionus.

Pelage d’une ſeule couleur ; ſabot des pieds entier ; queue chauve, pileuſe à ſon extrémité ; point de croix ſur les épaules.

Pall. it. p. 217. n. nord. Beytr. II. p. 1. t. 1. nov. comm. Petrop. 19. p. 394. t. 7.

Il habite les deſerts ſitués entre les fleuves Onon & Argun quoique plus rarement aujourd’hui, & ſe trouve auſſi en troupes dans les deſerts Mongols, ſurtout dans celui de Gobi juſqu’aux confins de la Chine & du Tibet. Il aime les campagnes ouvertes, unies, ſalées, herbues ; il abhorre les bois & les montagnes couvertes de neige ; il eſt craintif & prudent, très-léger à la courſe, on ne l’a point encore apprivoiſé ; il a l’ouie & l’odorat excellens ; ſon henniſſement eſt plus ſonore que celui du cheval. Il eſt attaqué de maladies contagieuſes, qu’il communique aux chevaux & aux bœufs ; il mord & rue. La ſaiſon de l’accouplement eſt au mois d’Août ; la femelle met bas au printems, ordinairement un ſeul petit. Les Tartares Mongols, & Tunguſes trouvent ſa chair delicieuſe. On employe ſa peau à la conſtruction d’une ſorte de bateaux.

Il approche beaucoup du mulet par la taille & le port, mais il eſt plus beau ; il tient du zèbre par les oreilles & la queue, de l’âne par les ſabots & le corps, & reſſemble au