Page:Linstant - Moyens d'extirper les préjugés des blancs, 1841.djvu/31

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Quand on a vu des hommes tels que Socrate, Platon, Phèdre, Diogène, etc., exposés en vente au marché des esclaves, qui pouvait se vanter d’échapper jamais à ce terrible droit[1] ? Le père vendait ses enfants, les créanciers leurs débiteurs, les vainqueurs leurs prisonniers, les princes leurs sujets. Le principal objet d’échange dans l’antiquité, dit Heeren » c’était l’homme[2]. Nous trouvons aussi partout l’esclavage des noirs établi concurremment avec celui des blancs. Son ancienneté ne prouverait donc pas plus contre les uns que contre les autres.

En jetant les yeux sur l’Égypte, cette Égypte si mystérieuse avant que l’œil scrutateur de nos savants modernes eût démêlé, à travers ses fables, sa haute antiquité et sa civilisation, nous trouvons toute une population noire. Diodore de Sicile, Hérodote, et d’autres écrivains, nous apprennent que l’Égypte fut peuplée et civilisée par des hommes descendus de l’Ethiopie : ce sont ces hommes qui y ont importé les caractères hiéroglyphiques, écriture vulgaire des Ethiopiens. Ainsi, c’est un point hors de toute contestation que l’Égypte fut peuplée par les nègres, et reçut d’eux une partie

  1. Senec. épist. 47.
  2. Heeren, de la polit. et du comm. des peuples de l’antiquité.