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— XIII —

l’emprunteur haïtien a fait des fonds que le prêteur français lui avait confiés.

Le gouvernement provisoire était évidemment dévoyé ; il était sous l’impulsion d’une fausse doctrine en consultant sa passion plutôt que la raison politique, en agissant comme si depuis Nissage Saget, aucun autre pouvoir régulier n'avait existé, aucune constitution n’avait régi le pays ; que tout ce qui avait été fait dans l'intérim devait être considéré comme nul et non avenu — toujours le P. Loriquet, — C’est ce qui explique les fautes que nous mettons au compte de ce gouvernement ; fautes qui peuvent, nous le craignons, être plus tard invoquées comme précédents par des chefs de mauvaise foi. "Les mauvaises doctrines, a dit M. de Frayssinous, sont bien autrement redoutables que les mauvaises actions, car l’exemple peut bien entraîner au vice, mais il ne le justifie pas ; il donne plus d’audace, mais sans étouffer le remords. Pour les mauvais principes, ils tendent à légitimer, à sanctionner le crime, a rendre les hommes méchants par système, à donner au vice le calme de la vertu."

Mais le pays n’a pas complètement perdu tout instinct du beau, du bien. Instruit par les malheurs passés, il divorcera une bonne fois avec la routine qu’il a jusqu’ici suivie. Sa jeunesse est pour lui une garantie de longévité, pourvu toutefois qu'elle consente à fermer l’oreille aux charlatans politiques, à mettre dans ses procédés moins d’injustifiable présomption ; pourvu