Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/38

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d’hommes, une société organisée, à Paris comme à Pestel ou au Petit-Trou Baradères. Et si je voulais, à mon tour, l’invoquer, je vous dirais par exemple, qu’à Paris, la notoriété publique prétend, qu’au moment où il se plaignait le plus amèrement du pillage du trésor, le gouvernement provisoire a fait à un de ses amis, chef d’une maison de commerce à l’étranger,, remise de traites pour une somme de 600,000 francs qu’elle devait à la République ; et elle se livre, à ce sujet, à toutes sortes de commentaires ; elle trouve — toujours celte même notoriété publique — que cette somme serait aussi bien, sinon mieux employée, au soulagement des malheureux fonctionnaires à qui il est dû plusieurs mois d’appointements : voilà où conduit immanquablement l’imprudent emploi de ce moyen .

Je ne rapporte ce fait que pour vous faire toucher au doigt et à l’œil le danger d’invoquer en matière politique, et dans la haute sphère où vous êtes placés, la notoriété publique. Je n’approuve ni ne blâme qui que ce soit : ce sont objets complètement étrangers à mes occupations habituelles ; car, à tout prendre, si le gouvernement provisoire n’a pas fait la remise des traites dont on s’entretient ici, il a été calomnié ; mais il n’a pas à s’en plaindre ; patere legem quam ipse fecisti. Si au contraire il a, dans sa sagesse, crû devoir la faire, c’est sans doute à bon escient, c’est que son patriotisme lui en a démontré l’utilité nationale ; c’est enfin qu’il est persuadé que sans être obligé de s’adresser à un crédit général français quelconque, il trouvera des amis — peut-être celui-là même à qui la remise des traites est supposée avoir été faite — qui lui prêteront sans intérêts les sommes nécessaires à la marche du service. Bien