Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/50

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ceux que la vindicte publique accuse d’avoir commis des crimes et délits politiques.

C’est ici, Messieurs, que je vous crie plus fort : « Prenez garde ! » la vindicte publique en temps de révolution ! Y avez-vous bien songé ? Mais c’est la vendetta prônée et encouragée, c’est l’insurrection à l’ordre du jour. C’est votre arrestation, votre bannissement, le bombardement et le pillage de vos maisons, l’exécution sans jugement de vos amis, les assassinats dans les rues ; c’est l’anarchie la plus horrible, c’est à faire fuir Haïti comme une terre de désolation. Mais parmi tous les noms qui figurent dans ce Décret^ je trouve celui d’un jeune général dont les services rendus au pays ne seront jamais oubliés. Il n’a jamais été comptable, celui-là ; la vindicte publique ne peut l’accuser d’avoir commis ni crimes, ni délits politiques* Les champs de bataille des Cayes et de la Grand’-Ànse protesteraient contre cette accusation. À-t-il contribué par dès manœuvres frauduleuses et violentes au renversement de la constitution et des institutions du pays. Non ; il a respecté celles qu’il a trouvées établies. Soldat, il a obéi à sa consigne ; il n’a pas eu à la contrôler. Il n’a outre-passé aucun ordre, mais il a servi le gouvernement que vous avez renversé ; n’est-ce pas ce que vous voulez punir en lui ? Du moment que vous frappez la fidélité, vous sanctifiez, par contre, la trahison, oubliant que la trahison, de quelque masque qu’elle se couvre, est toujours une action honteuse, méprisable, odieuse, qu£ Ton récompense quelquefois par de l’argent, jamais par les honneurs. Pensez -vous qu’il y ait société possible avec de tels principes ? ne