Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/115

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village. Les cloches sonnent. Il y a encore des dimanches !… Cela me paraît étrange. J’ai sommeil. Je suis moulu, mes membres sont gourds ; j’ai peine à me mettre en selle. Avoir seulement un jour de repos !

Comme je reviens au cantonnement, botte à botte avec Déprez, nous rencontrons Mlle Aline, vêtue d’une robe claire à fleurs roses, chaussée de souliers fins. Elle va sans doute à la messe. Elle nous reconnaît, nous fait signe de la main et nous sourit.

Au parc, on nous attend.

— Bridez !… Attelez !…

— Quoi ? On retourne au feu ?

— Sans doute… Je ne sais pas, répond Bréjard. Attelez !

Les deux batteries, qui forment à présent le groupe, la nôtre et la 12e — la 10e a dû être prise par l’ennemi dans les bois de Guéville — s’engagent sur la route de Virton. Il est dit que nous n’aurons pas un moment de répit.

Mais, presque tout de suite, on nous arrête en colonne doublée, sur les chaumes, au bord du chemin. Il y a là, à flanc de coteau, des forces importantes d’artillerie française en position. Sur le champ clair, les batteries attelées, immobiles, décrivent des rectangles noirs.

On se compte. Il y a des vides à ma pièce :