Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/126

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qui dominent Marville au sud-est. Il vient chercher des ordres.


Je suis bien gêné par la déchirure qu’avant-hier un éclat d’obus a faite au fond de ma culotte. Partagé entre le désir de faire une réparation de fortune et la crainte que l’ordre n’arrive soudain de lever le camp lorsque je serai déculotté, je laisse passer ces heures de tranquillité du soir sans accomplir ce travail urgent.


Mardi 25 août.


Le soleil m’éveille. Je me secoue.

— Une bonne nuit, hein, mon vieux Hutin ?

Hutin, qui somnole encore, ne répond pas. Déprez appelle :

— À l’avoine !

Personne ne se hâte. Deux hommes dorment encore, tas sombre de drap bleu-noir, dans la paille, sous la volée de canon. Il m’a semblé entendre un frôlement connu. Instinctivement, je me retourne pour voir qui fait ce bruit.

— Terre ! crie quelqu’un.

Les hommes s’abattent où ils sont. En plein ciel, au-dessus du parc, un shrapnell éclate. Dans l’air très calme, son nuage de fumée com-