— De là-bas.
Le capitaine hausse les épaules.
— Mais où étaient les Allemands ? Savez-vous s’ils ont tourné Marville par le sud ?
— Mon capitaine, j’étais dans une tranchée… Alors il est venu des obus, des gros noirs… D’abord ils éclataient derrière, à cent mètres… alors, vous comprenez, on s’en foutait… Et puis, il y en a qui nous sont tombés dessus… Alors, on est parti !…
— Mais vos officiers ?
L’autre fait un signe d’ignorance. Il n’y a rien à tirer de cet homme-là. Et comme, à cet instant, un obus ronfle en l’air, le fantassin s’enfuit, le dos rond. On l’entend qui grogne :
— Ah ! bon Dieu de bon Dieu !
L’obus éclate de l’autre côté de la route, et tout de suite trois autres s’abattent plus près. Le capitaine n’a pas cessé de suivre des yeux les troupes qui, là-bas, ne vont pas tarder à disparaître dans les bois. Nous attendons anxieux, en cercle autour de lui.
— Je crois que ce sont des Français, dit-il. Tenez, regardez donc, Lintier, vous avez de bons yeux !
Avec la lorgnette, j’aperçois en effet des culottes rouges.
— Oui, ce sont des Français. Mais où vont-ils ?