— Allez, grimpe !
Sur l’échelle, il y a quatre ou cinq artilleurs à la fois. Elle plie. En bas, un fantassin se tient immobile, une bougie à la main.
— Attention ! Tu vas me flanquer tes éperons dans le nez !
— Grouille donc, qu’on monte !
— Le plancher plie ! On va passer au travers !
— Grimpe toujours ! C’est moins dangereux que les obus.
— Nom d’un chien ! Tâchez un peu de vous aligner, autrement, on ne tiendra jamais tous.
— Te mets pas là ! Y a un trou… Tu vas tomber sur les lignards.
En bas, des fantassins grognent :
— C’est pas fini de bouger là-haut, les artilleurs ? On ne peut pas dormir ! Il nous tombe de la paille plein la gueule.
— Si ça pouvait seulement te la boucher !
— Tu me montes sur le ventre !
— On n’y voit rien, là dedans ! Montez donc le falot.
Un obus éclate encore au loin. Dois-je enlever mes éperons et mes houseaux ? Je dormirais mieux. Mais, s’il y a alerte, les retrouverai-je dans la paille ? Je les garde. Je garde aussi mon étui à revolver qui me meurtrit le flanc. Je serre ma jugulaire sous mon menton pour ne pas perdre mon képi.