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Mercredi 12 août.


Le Français se plaît aux légendes héroïques. Je tiens la vérité sur l’affaire où deux bataillons du 130e ont été décimés. Elle ne ressemble en rien aux récits épiques du petit sergent blond à figure de chat.

Le 10 août, les officiers du 130e ne se doutaient guère de la proximité de l’ennemi. Quelques hommes furent surpris allant à l’eau sans armes et à moitié dévêtus. Le combat s’engagea là-dessus et le 130e se battit rudement contre des forces supérieures, sans être soutenu, du moins au début de l’action, par l’artillerie qui, n’ayant reçu aucun ordre, était restée dans ses cantonnements. Trois batteries du 31e d’artillerie, arrivées enfin, arrêtèrent l’offensive allemande. Le champ de bataille nous resta.

Quant au lieutenant X…, qui, disait-on, était mort la poitrine découverte en lançant ses hommes à l’assaut, il est, en réalité, tombé dans le gros ruisseau qui se nomme le Loison. La surprise, la fraîcheur de l’eau jointe à l’émotion d’un premier combat déterminèrent un commencement de congestion. À cette heure sa santé est tout à fait rétablie. C’est heureux, car le lieutenant X… est un bon officier.