Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/74

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de galopade. Le sous-officier qui chevauchait en serre-file derrière la fourragère, près de la vache destinée au ravitaillement du groupe et qu’un servant menait au bout d’une longe, persuadé que l’infanterie ennemie attaquait le convoi de flanc tandis qu’un groupe de cavalerie allait le prendre en queue, n’hésita pas et cria tout de suite : « Sauve qui peut ! Voilà les uhlans. » Les servants sautent à bas des voitures, arment leurs mousquetons et soudain, sans ordre, la colonne prend le galop. Les hommes suivent comme ils peuvent. Mais les chevaux de la fourragère, sous les coups de fouet, ruent, reculent, s’empêtrent, bousculent la vache qui se met à secouer son conducteur, tire à droite, à gauche et à la fin s’en débarrasse pour prendre le galop à son tour derrière les fourgons, en fuite dans un grand nuage de poussière.

Quelques secondes après, la cavalerie entendue survenait. Le général d’artillerie, son état-major et son escorte de chasseurs avaient mis notre train régimentaire en déroute. Quant à la fusillade, elle venait de deux compagnies du 102e de ligne qui, dissimulées dans les bois, avaient ouvert le feu sur un aéroplane allemand.


Le temps se gâte. Hier soir déjà, l’orage sur notre gauche nous avait fait dresser l’oreille comme au canon. À l’heure du café une averse nous sur-