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Page:Lintilhac - Lesage, 1893.djvu/149

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DEUXIÈME PARTIE
L’ÉCRIVAIN ET LE MORALISTE

CHAPITRE I

SA LANGUE ET SON ESPRIT

I

Si Lesage a droit à une place parmi les grands écrivains français, il la doit bien moins aux divers mérites que nous avons déjà relevés dans ses œuvres qu’à ceux de son style et de son esprit. Mais ces derniers sont si délicats qu’il nous faut entrer dans le détail et ne pas ménager les citations : ce sont elles qui le loueront le mieux.

Il sait déjà toutes les ressources du style coupé :

Ce bon sujet se nommait Brutandorf. Tant qu’il fît de la dépense, je le reçus favorablement ; dès qu’il fut ruiné, il trouva ma porte fermée. Mon procédé lui déplut. Il vint me chercher à la comédie pendant le spectacle. J’étais derrière le théâtre. Il voulut me faire des reproches ; je lui ris au nez. Il se mit en colère, et me donna un soufflet en franc Allemand. Je poussai un grand cri : j’interrompis l’action.