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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/10

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CHAPITRE II

OÙ L’ON FAIT CONNAISSANCE AVEC PIERRE
SELLIER ET JULES ROUGEAUD


La paroisse de Notre-Dame de la Pointe-aux-Foins est de date relativement récente. Les vieux de soixante ans se rappellent encore très bien qu’à la place du village actuel, les citadins des villes venaient se livrer aux plaisirs de la chasse. Le petit lac à l’Anguille et la rivière de ce nom, où abondent encore la truite saumonée, le brochet, le doré, étaient, de temps immémorial, le rendez-vous des pêcheurs. Bref, les grands chênes et les hêtres qui bordent les deux rives et que la hache du colon a respectés, s’ils pouvaient parler, nous diraient combien ils furent surpris de se trouver un jour en rase campagne, après avoir fait partie d’une forêt immense qui abritait des chevreuils, des ours et des oiseaux en nombre infini.

Il y a une quarantaine d’années, nous dirait le père Baptiste Labonté, s’il était de ce monde, il n’y avait pas une âme dans les environs. Quelques gars, aux jambes d’acier, aux poignets solides, mais surtout courageux comme dans ce bon vieux temps, où rien