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AUTOUR D’UNE AUBERGE

religieux silence, M. de Verneuil dit à Boisleau : « N’oubliez pas de me seconder et surtout ménagez l’Ami qui m’a l’air à penser comme nous. »

M. Labouteille reprit son siège et une trentaine de personnes l’applaudirent : c’étaient sans doute les ivrognes payés par Rougeaud et Sellier, et dont les noms étaient sur la requête.

M. de Verneuil se leva à son tour. Il était pâle, sa voix tremblait d’émotion. Il se fit un silence solennel.

— Monsieur le Maire, dit-il, Messieurs les Conseillers, hier vous avez entendu les appels de votre digne Curé, vous avez vu couler ses larmes, vous-mêmes, braves paroissiens de Notre-Dame, vous avez pleuré avec lui. Dites-moi, voulez-vous seconder votre dévoué pasteur ? Voulez-vous faire cesser les plaintes, les gémissements des familles, des enfants qui demandent les uns, l’affection d’un père, les autres du pain pour apaiser leur faim et des vêtements pour les couvrir ?

— Oui ! Oui ! cria-t-on de toutes parts, c’est le temps !…

— Eh ! bien, mes bons amis, si vous voulez réussir, vous devez enlever de cette paroisse ce débit de boisson où l’on vend avec le vice, le plus violent poison. M. le Curé l’a demandé avec instance, et vous devez le faire ; tout bon chrétien doit écouter