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AUTOUR D’UNE AUBERGE

n’est pas trop tard ? — Il attela son cheval à la hâte ; et s’en alla d’un bon train à la maison de Latulle. En moins d’une heure, il fut sur les lieux. Après avoir frappé d’un coup sec et avoir reçu une invitation d’entrer, il vit la porte s’ouvrir. Latulle lui souhaita la bienvenue. Deux voisins, Bancheron et Poulin, avec leurs femmes, faisaient la partie de cartes. En le voyant, les hommes se levèrent pour lui donner la main.

— Ne vous dérangez pas pour moi, dit Rougeaud, je ne veux pas être longtemps. J’ai affaire à M. Latulle, et je retourne.

— Mais, qu’est-ce qui vous presse, dit ce dernier, vous ne venez pas souvent. Que ne faites-vous un bout de veillée avec nous ?

Rougeaud se fit prier un peu, puis à la fin, consentit.

— Tout le monde se porte bien par ici ? dit-il.

— Très bien même, et chez vous ? fit Latulle.

— Sur les roulettes à la maison ; mais je ne parle pas de Jeannette, ma fille de quinze ans, qui souffre continuellement.

— Elle n’est pas mieux, la pauvrette, dit Mme Latulle, c’est bien de valeur !

— Non, reprit Rougeaud, tout de même elle traîne depuis longtemps ; les soins ne lui manquent pas non plus, le médecin vient la voir deux fois le jour.

— Je ne comprends pas pourquoi vous n’essayez