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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/6

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AUTOUR D’UNE AUBERGE

ne se gênent pas pour lancer des sottises à ceux qui ont la force de ne leur pas obéir.

— Monsieur Sellier, je suis un peu de votre avis ; cependant pour être justes nous devons dire que, dans le sermon d’hier, il n’y a qu’une chose à reprendre : M. le Curé est contre l’auberge, et vous et moi, nous sommes pour… Et vous avouerez avec moi qu’il n’a pas tout à fait tort. Si, en effet, nous étions un peu moins intéressés, nous pourrions nous rendre compte qu’il y a des abus…

— Tiens ! reprit celui qu’on appelait Sellier, est-ce que Jules Rougeaud, Rougeaud le « petit-coup » va se mettre à prêcher la tempérance ? Il ne manquerait plus que cela, maintenant !… Voilà un bel apôtre ! Apôtre qui ne crache pas dedans, dirait la vieille si elle vivait encore !…

— C’est vrai ! M. Sellier, je ne crache pas dedans ; je ne m’en cache pas, je ne suis pas un hypocrite, moi ! je prends mon coup quand le cœur m’en dit ; et vous savez qu’il faut que ça gratte… Ce que j’ai dit tout à l’heure, je le maintiens, le Curé a parfois raison de se plaindre de l’auberge ; il serait de notre intérêt de faire observer notre règlement, et le Curé n’aurait rien à dire…

— Tu crois cela, toi ! que tu es naïf, Rougeaud ! tant que l’auberge existera, tu verras le Curé travailler contre elle… Son intérêt n’est pas le