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THUCYDIDE, LIV. VII.

ceux qui tournaient la côte en sortant du chantier. Aussitôt commença l’action à l’entrée du grand port ; long-temps les deux flottes s’opposèrent une résistance égale, l’une voulant forcer l’entrée, et l’autre la défendre.

Chap. 23. Cependant ceux des Athéniens qui gardaient les forts de Plemmyrium, descendent sur le rivage, dans la seule attente d’un combat naval ; ils sont surpris par Gylippe, qui, se jetant, au point du jour, sur les forts, enlève d’abord le plus grand, et ensuite les deux petits. Les troupes préposées à la garde de ceux-ci, voyant qu’on avait sans peine emporté le premier, ne firent aucune résistance. Les hommes qui, après la perte du premier fort, se sauvèrent sur les bâtimens et sur un vaisseau de transport, purent à peine regagner le camp, car les Syracusains qui venaient d’avoir l’avantage dans le grand port, les poursuivirent avec une seule trirème qui fendait légèrement la mer. Mais, les deux derniers retranchemens emportés, ceux qui en sortirent longèrent aisément la côte, parce que la flotte de Syracuses venait d’être battue.

En effet, les vaisseaux syracusains qui combattaient à l’entrée du port, y rentrant sans ordre, après avoir repoussé ceux d’Athènes, et s’entrechoquant les uns les autres, avaient ainsi donné la victoire aux Athéniens. Les navires que ceux-ci mirent en fuite, furent les mêmes qui d’abord les avaient vaincus dans le port. Ils en submergèrent onze, et tuèrent la plupart des hommes, excepté ceux des trois vaisseaux, qu’ils firent prisonniers. Eux-mêmes perdirent trois de leurs bâtimens, tirèrent à terre les débris des vaisseaux syracusains, dressèrent un trophée dans un îlot qui regarde Plemmyrium, et retournèrent au camp.

Chap. 24. Telle fut la fortune des Syraçusains dans le combat naval : se voyant maîtres des forts de Plemmyrium, ils élevèrent trois trophées, détruisirent l’un des deux retranchemens qu’ils avaient pris, réparèrent les autres et y mirent garnison. On avait pris ou tué bien des hommes à la défense de ces ouvrages ; beaucoup de richesses en avaient été enlevées. Comme c’était le magasin des Athéniens, il s’y trouvait quantité d’effets et de subsistances qui appartenaient, soit à des marchands, soit à des triérarques : là étaient déposés les voiles de quarante trirèmes, les autres agrès, et trois trirèmes mises à sec. Mais ce qui fit le plus de tort à l’armée, ce fut la perte de Plemmyrium : car les Athéniens n’avaient plus d’abordage sûr pour l’apport des munitions ; Plemmyrium devenait désormais pour les Syracusains un point de départ d’où ils mettaient en mer pour les arrêter, et il ne pouvait plus se faire d’importation sans livrer de combat. Cet échec, qui en présageait d’autres, effrayait l’armée et la décourageait.

Chap. 25. Les Syracusains dépêchèrent ensuite douze vaisseaux, sous le commandement d’Agatharque de Syracuses. L’un, destiné pour le Péloponnèse, y portait des députés chargés d’exposer quelles espérances donnait leur position, et d’inviter les Péloponnésiens à pousser plus vivement la guerre du continent. Les onze autres vaisseaux cinglèrent vers l’Italie, parce qu’on avait appris qu’il arrivait, pour les Athéniens, des bâtimens richement chargés. Ils les rencontrèrent, en détruisirent la plus grande partie, et brûlèrent, dans la Cauloniatide, des bois de construction destinés à l’ennemi. Ensuite ils voguèrent vers Locres. Ils y étaient à l’ancre, quand un bâtiment de transport du Péloponnèse y aborda, portant des hoplites thespiens. Les Syracusains les reçurent