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THUCYDIDE, LIV. VII.

à bord de leurs vaisseaux, et reprirent, le long des côtes, le chemin de Syracuses. Cependant les Athéniens les épiaient avec vingt vaisseaux, près de Mégares : ils prirent un des bâtimens avec les hommes qu’il portait, mais ne purent s’emparer des autres, qui gagnèrent Syracuses.

Il y eut aussi dans le port une action de peu d’importance. Près du rivage [dans la partie la plus occidentale d’Achradine], les Syracusains avaient fermé avec des pieux l’entrée des anciennes loges de vaisseaux, pour que la flotte pût se tenir à l’ancre sans craindre les attaques des Athéniens. Il s’agissait d’enlever ces pieux. Les Athéniens firent avancer un gros navire du port de dix mille ballots, garni de parapets, et surmonté de tours de bois, afin de protéger ceux des leurs qui, montés sur des barques, tiraient et arrachaient les pieux, à l’aide de cabestans, en même temps que des plongeurs en sciaient d’autres sous les eaux. Les Syracusains, du haut des loges de vaisseaux, tiraient sur les Athéniens, qui leur répondaient de dessus leur gros navire et qui parvinrent à enlever enfin la plus grande partie des pieux. Ceux qui étaient cachés donnaient le plus de peine ; car on en avait planté qui, ne s’élevant pas à fleur d’eau, devenaient très dangereux pour les vaisseaux qui en approchaient ; on ne les apercevait pas, et l’on échouait comme sur un récif. Des plongeurs, gagnés à prix d’argent, parvenaient à les scier. Cependant les Syracusains en plantèrent de nouveaux.

Il se fit des deux côtes bien d’autres tentatives, ainsi qu’on devait l’attendre de deux armées si rapprochées et rangées en face l’une de l’autre. On se harcelait, et on ne négligeait aucun moyen de se nuire réciproquement. Les Syracusains envoyèrent dans les villes une députation composée de Corinthiens, d’Ampraciotes et de Lacédémoniens : ils y annoncèrent la prise de Plemmyrium, et ce combat naval où leur propre désordre, plutôt que la force des ennemis, les avait vaincus. Ils représentèrent que d’ailleurs on conservait de justes espérances, et réclamèrent des secours de vaisseaux et de troupes de terre, ajoutant que les Athéniens attendaient une nouvelle armée, mais que si on la prévenait en battant la première, la guerre serait terminée. Voilà ce qui se passait en Sicile.

Chap. 26. Démosthène, ayant rassemblé les troupes qu’il devait conduire en Sicile, partit d’Égine, et, faisant voile pour le Péloponnèse, se joignit à Chariclès et aux trente vaisseaux d’Athènes. Ils prirent avec eux des hoplites d’Argos et voguèrent vers la Laconie. D’abord ils ravagèrent une partie d’Épidaure-Liméra ; et, prenant terre ensuite dans la partie de la Laconie qui regarde Cythères, et où est l’hiéron d’Apollon, ils ravagèrent quelques champs. Dans ce canton est un lieu qui a la forme d’un isthme : ils le fortifièrent, afin d’offrir un asile aux Hilotes qui déserteraient de chez les Lacedémoniens, et un point de départ à ceux qui de là, comme de Pylos, exerceraient la piraterie. Démosthène, après s’être emparé de ce poste, partit pour Corcyre ; il devait y prendre à bord les alliés et naviguer aussitôt vers la Sicile. Chariclès attendit que les fortifications fussent terminées, y laissa garnison, et revint à Athènes avec les trente navires et les Argiens.

Chap. 27. Dans le cours du même été arrivèrent à Athènes treize cents peltastes de ces Thraces armés de poignards et de la race des Diens. Ils avaient dû partir pour la Sicile avec Démosthène ; mais, comme ils avaient trop tardé, les Athéniens résolurent de les renvoyer au